Vins blancs secs insolites : commentaires de dégustation

Pour bien démarrer cette soirée … comme pour la terminer en apothéose, j’ai choisi volontairement deux cuvées d’un vigneron généreux et passionné (Bruno Paillocher) qui nous sublime le chenin avec ses essais de cuvées plus que « nature » !

Un Saumur Brut Nature à 1,5 g de sucre naturel résiduel tout en finesse avec une fraîcheur végétale légère au nez qui se retrouve en bouche avec une mâche ample et fine en attaque pour finir par une légère amertume rafraîchissante.

La cuvée suivante de Jonathan-Didier Pabiot en Pouilly-sur-Loire 2017 sur le Chasselas est également sur l’élégance et l’équilibre parfait qui donne une sensation de bien-être et si digeste tel que les grands vins nous appellent à y revenir presque sans modération… Ses Pouilly-Fumé sont au summum également !

Une retrouvaille avec le Sauvignon rose, appelé Fié Gris, que la famille Bourdier en Haut-Poitou 2016 maîtrise parfaitement pour en fait ressortir la signature subtile du cépage sur le pamplemousse … tout en finesse !

On change de registre dans le Sauvignon blanc avec la cuvée « les XVI Rangs » 2014 en Touraine-Oisly de la famille Barbou où la concentration et le gras apportés par le bâtonnage sur les lies fines pendant 18 mois nous appelle à l’associer au repas avec des plats plus en sauce. Le grand Bordeaux Château Reynon 2016 en Sauvignon blanc aurait été mieux intégré avant la cuvée précédente, d’autant qu’il « pétrolait » étonnament un peu à l’ouverture, ce qui n’a pas arrangé notre analyse où l’amertume de fin de bouche était plus marquée sans la gourmandise du vin de Touraine.

Pour se réconcilier avec le Bordelais, un grand vin blanc sec avec 100% de Sémillon du Château Sigalas Rabaud (1er cru de Sauternes). La poire confite, le coing, le citron s’expriment aussi bien au nez qu’en bouche où la rondeur un peu vanillée et la fraîcheur s’équilibre à merveille … une vraie gourmandise qui nous dirige vers une cuisine avec un peu d’exotisme !

La transition sur le Malvoisie des Coteaux d’Ancenis 2017 de Landron-Chartier est une « révélation » appropriée car la douceur des sucres résiduels et les notes conjointes de petits fruits rouges à la rose et des fruits à chair blanche nous apporte une gourmandise supplémentaire pour s’évader. En voulant rester dans « la famille » Landron, Jo nous propose sa version « nature » du Melon (de Bourgogne) avec son côté sauvage et libre d’où le suff »ix » de la cuvée « Melonix » … ils sont fous ces Gaulois !

Retour en Touraine dans la région de Cheverny où François 1er importa un autre cépage bourguignon qu’il fit planter autour de Chambord, construit plus au nord que le projet initialement prévu sur « Romorantin », d’où le surnom qu’il lui fût attribué localement à ce cépage pour l’appellation « Cour-Cheverny ». On retrouve néanmoins parfois des similitudes avec l’expression du Chenin. Une cuvée 2014 avec en bouche de la richesse et des notes d’agrumes confits, un peu réglissées, et une pointe épicée (poivrée) en retour. Pour compléter la découverte insolite de ce terroir, une cuvée d’exception de Luc Percher de 2010 où le Menu Pineau (ou Arbois) à 95% enveloppe le Sauvignon à 5% seulement, ce qui rend inclassable cette cuvée dans les standards de l’appellation Cheverny. Un nez miellée, tirant même sur la cire d’abeille, se confirme en bouche avec une expression confite très persistante et intense qui nous emmène vers des plats ayant du relief … je pense notamment à notre Gigot de lotte braisée au lait ribot à la saucisse de Molène …

Pour retrouver un grand cépage, le Chardonnay, associé à une appellation peu connue, j’ai choisi le terroir de Manicle en Bugey ! Une expression aromatique olfactive de poire, pêche, miel, citron qui se confirme en bouche avec beaucoup de rondeur et une douceur vanillée apportée par l’élevage en fûts sur ses lies durant 6 mois, tout en finesse avec une touche minérale en retour, sans doute la signature des éboulis calcaire de ce vignoble de coteaux présenté en cirque.

Une cuvée « Unik » en Vendée sur le terroir de Vix de la maison Mercier, avec le Chenin en sélection massale, élevé 5 mois sur ses lies fines en barriques, limitée en production à 2634 bouteilles … diffusées au compte goutte … Un côté toasté, grillé avec des notes d’agrumes confits se développent au nez comme en bouche où la richesse s’équilibre avec la fraîcheur du cépage Chenin et où l’acidité avec l’amertume légère se fondent en longueur sur le retour.

Comme annoncé au départ, on clôture par la plus insolite des cuvées. Comment imaginer qu’un vigneron s’engage pour 14 ans d’élevage avec un vin récolté à la base en surmaturité pour en extraire naturellement tout le potentiel alcoolique maximum sans mutage. On obtient ainsi un vin à 16° naturellement en laissant les levures travailler doucement les sucres dans la cave bien fraîche. L’oxydatif prend place en douceur dans la matière pour s’exprimer dès l’ouverture par ces notes de noix, mais on retrouve vite la cire d’abeille, le miel, l’agrume, la réglisse, les épices douces, et la chaleur en fin de bouche s’équilibrant avec la fraîcheur apportée par l’acidité du cépage Chenin, toujours présente après 14 ans d’élevage !

D’autres cuvées auraient été tout aussi « insolites » mais il m’a fallu me limiter … alors vivement une prochaine évasion … et voire même en rouge comme on me l’a suggéré …

A très bientôt !

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